de façonner de l’hétérogène, d’acquérir l’art d’inventer autrement sa vie jusque-là mutilée. C’est pourquoi sans fin l’on se soulève. Sans fin, parce que bien souvent cela retombe, cela échoue, cela s’échoue sur les sables du conformisme ou contre la falaise des services d’ordre. Mais, sans fin, l’on recommence, sans fin : sans que jamais le but final – l’apaisement de tout, la réconciliation obtenue, le désir enfin satisfait – ne soit atteint. Mais, aussi, sans que jamais ne retombe le désir et, avec lui, le courage de désobéir, la pulsion d’inventer, la force de faire autrement, l’énergie pour se désasujettir. Les soulèvements, par cette intarissable multiplicité dont fait montre l’histoire des sociétés humaines, formeraient donc, prises ensemble, le grand art politique du non finito. Cela pour dire à la fois leur fragilité constitutive – ou constitutionnelle : fragilité de s’indéfinir au regard du pouvoir – et leur puissance proprement infinie. Puissance de volcans, de vagues, dé poussières en mouvement ou d’ouragans.