“Ah oui ; mais ça n’existe pas encore pour les langues modernes – (tu veux dire le tout réuni en un seul volume ; une demi-douzaine de langues courantes en colonnes parallèles ? Faut que tu prennes chaque traduction isolément ; (bien que ça fasse beaucoup de feuilletage)). – Rappelle-moi que je te passe le BERRUYER. – (?) : c’était un jésuite, (mort lors de la guerre de 7 ans) ; qui avait eu l’idée, pas si mal du tout, de publier la Bible sous la forme d’un livre de lecture à l’usage du monde éclairé. En utilisant les techniques du romancier, il développe ou entrecoupe le texte avec des descriptions (scabreuses !) ; il brode sur la trame et les paysages ; certaines fois c’est grivois & incongru, mais le plus souvent instructif & riche en trouvailles : on y voit les patriarches se conduire comme autant de Céladons ; leurs dames font songer à l’Astrée ; Madame Putiphar s’y exprime avec passion et une liberté toute aristocratique ; Judith mi-coquette mi-Calamity Jane, etc. ; les propositions & les digressions qui y figurent sont toujours remarquables ; du genre : Dieu a attendu une éternité avant de créer le monde ; le Mal grandit constamment et cela à la grande honte de Dieu & du Rédempteur ; on pense parfois à Lucien (ou à DIDEROT). De plus, tout est écrit avec une grande élégance : une langue enflammée, fleurie, (en quoi il appartient bien à la ‘littérature’ de son époque !) ; de l’esprit, de la fantaisie, du charme ; une bonne construction logique, ce qui, vu la simplicité chaotique de l’original, n’était pas une mince affaire. Son succés prouva combien une tentative sérieuse dans ce domaine avait jusque là fait défaut : le livre a souvent été réédité ; et traduit : espagnolitalien.” ; (Mais il faut lire

: ‘Histoire du Peuple de Dieu, depuis son origine jusqu’à la naissance du Messie, tirée des seuls livres saints, etc.’ 7 vol. in 4° (ou 10 en in-12°) / il est aussi paru une seconde partie, ‘de la naissance du Messie jusqu’à la fin de la Synagogue’ ; et une troisième, ‘Paraphrase littérale des Épîtres des Apôtres’.)

la première édition de 1728 ; car il a été mis à l’index, cela va de soi ; et contraint à se rétracter, etc. ; si bien que dans les éditions suivantes tous les passages scabreux-galants ont été censurés) : “Je ne m’en cache pas : je suis un ami de ce genre de littérature. – (?) : écoute, soeurette : quelle différence entre ça et une comédie musicale qui met en scène le Christ ? sous les traits d’un va-nu-pieds et d’un contestataire ? ; d’un tribun populaire fainéant et d’un pélerin du Levant ? Quant aux vociférations contre ce truc, nous les laisserons à son Éminence Très-Chrétinne ou à quelque autre idiot de bénitier.”