Quelqu’un, pourtant, doit ne pas dormir, et regarder les arbres, par la fenêtre obscure de sa chambre, et lui aussi, les arbres, il vient de se tourner vers eux : la succession des arbres :
4.1. quelque chose de seul
coule dans la bouche
malgré l’à foison
récent des arbres
& beaucoup fréquenter
l’air de certains visages
n’empêche rien : le très loin
tout cela des gens
à qui j’adresse des mains innombrables
4.2. un simple élancement de clocher
vers la respiration bleue du ciel
et là où je suis
dans la confusion secouée de vent du saule
les lianes de feuilles passent
& repassent doucement
sur mon visage hospitalier, c’est tout tu vois
4.3. tu sais, mes frères et moi dénudions les arbres de leur écorce dans la forêt et les arbres à la fin mouraient, les pauvres arbres,
c’est seulement un faux souvenir
pour se provoquer une enfance
4.4. assis sur un fauteuil en cuir
à l’orée de la terrasse en bois
à l’orée de la forêt de chênes
& là-bas dans la clairière étreinte par un peu de pluie
le chêne, le vaguement seul,
prononce branche après branche
la claire silhouette de lui-même
4.5. les arbres tu vois,
leur infiniment lente existence