elle pense à Septimus, peut-être qu’elle le sent dans les filaments de l’air, peut-être qu’elle le respire, elle se dit : “la mort est une étreinte.” (Phrase intensément émouvante et maintenant je sais mieux pourquoi : elle dit que la mort aussi est un instant de la matière.) Cette phrase n’existe pas en anglais ni dans les autres traductions françaises. A partir de quoi, me semble-t-il, tombent toutes les pseudo-théories qui prétendent que la traduction est une perte, un défaut, une trahison, etc. Au contraire, la traduction est un gain, au sens propre : une addition offerte. La traduction multiplie les possibilités de l’émotion, elle ne les diminue pas ni ne les supprime. De toute façon : qu’est-ce qu’il y aurait à trahir exactement ? on ne voit pas. Les textes ne sont pas des saintes reliques. Ils ne véhiculent aucun sens sacré. Et les écrivains ne sont rien d’autre, la littérature tout entière rien d’autre, qu’une allégeance faite à la matière, qu’une production supplémentaire, un éloge toujours recommencé du monde.