mis en boucle, ces millions et millions d’objets audiovisuels circulent, nous entourent, nous y sommes plongés, nous en faisons les anneaux de nos relations, les signifiants de nos mises en commun. S’en plaindre serait vain. Vous nous direz : oublions-les. Ces nuages d’images ne sont pas aussi précieux que l’air qu’on respire. Eh bien, nous n’en sommes pas si sûrs. Les images qui nous entourent et qui sont montrées par (et qui nous montrent) d’autres hommes, d’autres systèmes, d’autres empires, se substituent aux images qu’autrefois nous pouvions encore imaginer nous-mêmes.
Peut-être cet “autrefois” n’a-t-il jamais existé. Toujours des images ont formé des images, dans une suite sans fin, qui est aussi notre histoire. Mais ici et maintenant, un tel bombardement de formes visibles, de vibrations et de couleurs qui auront été pensées, voulues, imaginées d’abord par le marché, la publicité, la mode, les journaux, nous conduit sans que nous le sachions vraiment à voir comme il faut. Comme il faut voir, compte tenu de tout ce qui se fait voir et ne cesse de monter vague après vague à l’assaut de nos nerfs.