et surtout le son ferme et clair de sa voix, produisirent sur toute l’assemblée un effet difficile à décrire, et qui parut un instant paralyser en quelque sorte toutes les facultés. Lorsque Middleton et Coeur-Dur, qui avaient étendu machinalement la main pour soutenir le vieillard, se retournèrent de son côté, ils virent que l’objet de leur sollicitude avait cessé pour jamais d’avoir besoin de leur secours. Ils replacèrent tristement le corps sur son siège, et le Balafré se leva pour annoncer à la tribu la fin de la scène. La voix du vieil indien semblait une sorte d’écho sortant de ce monde invisible vers lequel l’âme de l’honnête Trappeur venait de prendre son vol.
– Un juste, un sage, un vaillant guerrier est entré sur la route qui le conduira aux prairies de son peuple, dit-il. Quand la voix du Wahcondah l’appela, il fut prêt à répondre. Allez, mes enfants, rappelez-vous le brave chef des Visages Pâles, et ne laissez pas de ronces sur votre passage.
La tombe fut creusée sous l’ombrage solennel de quelques vieux chênes. Elle a été gardée soigneusement jusqu’à ce jour par les Pawnies-Loups, qui la montrent souvent aux voyageurs et aux marchands, comme l’endroit où dort un homme blanc, un juste. Quelque temps après, une pierre fut placée sur le tombeau, avec la simple inscription que le Trappeur avait demandée lui-même. La seule liberté prise par Middleton fut d’ajouter :
Qu’aucune main profane ne trouble jamais ses cendres.