En me promenant longuement,

il me vient mille idées utilisables, tandis qu’enfermé chez moi je me gâterais et me dessécherais lamentablement. La promenade pour moi n’est pas seulement saine, mais profitable, et pas seulement agréable, mais aussi utile. Une promenade me sert professionnellement, mais en même temps elle me réjouit personnellement; elle me réconforte, me ravit, me requinque, elle est une jouissance, mais qui en même temps a le don de m’aiguillonner et de m’inciter à poursuivre mon travail, en m’offrant de nombreux objets plus ou moins significatifs qu’en suite, rentré chez moi, j’élaborerai avec zèle. Chaque promenade abonde de phénomènes qui méritent d’être vus et d’être ressentis. Formes diverses, poèmes vivants, choses attrayantes, beautés de la nature : tout cela fourmille, la plupart du temps, littéralement au cours de jolies promenades, si petites soit-elles.

Il y a eu,

et il y aura encore peut-être, de grands penseurs individuels dans une atmosphère d’esclavage intellectuel. Mais il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais dans une telle atmosphère de peuple intellectuellement actif. (…) Là où il existe une entente tacite de ne pas remettre en question les principes, là où la discussion des questions fondamentales qui préoccupent l’humanité est estimée close, on ne peut espérer trouver cette activité intellectuelle de grande envergure qui a rendu si remarquables certaines périodes de l’histoire.

Photographier comme on empaille…

Arrêter le temps avec de la paille et des armatures en fer ou avec une pellicule argentique – même combat. Procéder d’une semblable manière pour produire l’illusion du temps stoppé entre deux moments de vie. Capter l’instant, l’immobilité gisant à l’épicentre de chaque mouvement – comme le silence habite le coeur de la musique. Jouer avec la mort qu’est toujours la durée contrainte, cette petite asphyxie qui prive de l’oxygène de la vie.

Clarissa Dalloway

se méfie follement de la musique. La musique éloigne l’incohérence sonore du monde, dit-elle, elle tranche dans le bruit sans logique, ou parfois dans la rareté du silence alors si magnifique, elle nous exile presque sans recours des choses d’ici-bas.