Tout cela est triste et obsolète.

Te souviendras-tu encore de moi ? Parfois même moi, je ne me souviens plus de moi. Je me regarde dans la glace et c’est un étranger que je vois. Pourtant extérieurement je suis toujours le même, je crois. C’est intérieurement que j’ai changé. Mon propre silence me surprend, tout comme ma voix. Je parle peu, et tout ce que je dis, je le prononce sur un ton sec et mélancolique, qui n’était pas le mien. J’ai toujours une ride sur le front et un pli amer au coin de la bouche.

Il existe une certain pro-Principe royal,

pro-dénué d’intelligibilité, pro-dénué de substance et pro-doté de rotondité, que j’appelle Citrouille. Avec cette Citrouille coexiste une Puissance que j’appelle encore Supervacuité. Cette Citrouille et cette Supervacuité étant un, ont émis, sans émettre, un Fruit visible de toutes parts, comestible et savoureux, Fruit que le langage appelle Concombre. Avec ce Concombre coexiste une puissance de même substance qu’elle, et que j’appelle encore Melon.

Je ne me consolerais pas

de jeter ça et là quelques idées si je n’en tirais un usage immédiat dans la conduite de ma vie quotidienne. Façonner les circonstances afin que le désir y habite – ou du moins s’y appliquer – réclame une patience et une opiniâtreté d’alchimiste, une humilité sans pareille, une absence totale d’orgueil et de présomption.