Je ne crois en rien,

je n’adhère à aucune croyance, il se mêle assez d’incertitudes à mes pensées pour révoquer toute adhésion à quelque vérité que ce soit. Je démêle mes passions, j’identifie mes désirs, je tente de les affiner et de les harmoniser en sorte que leur accomplissement prête à mon existence cette plénitude que le bonheur amoureux a le privilège d’illustrer sans détours. Je n’obéis qu’à une seule sollicitation : vouloir, pour les autres et pour moi, que le plus heureux m’échoie. Je le veux sans autre raison que la sereine raison de l’enfant : parce que j’en ai envie.

J’invoque

le solipsisme insensé, la folie de l’incomparable, la réalité d’être unique. Je veux être là et aller sans savoir où je vais, comme si mes pas savaient.

En revanche,

se rendre disponible au présent et lui demander autant d’occasions actives de connaître les signes caractéristiques du plaisir – la volupté qui chatouille agréablement les sens, pour le dire comme Cicéron -, voilà une définition de l’hédonisme. Pure présence disponible au monde, capacité d’accueil des voluptés et des joies, adhésion au réel, autant de façon de se guérir des souffrances psychiques, tâches auxquelles Aristippe assigne la philosophie.

Quand on se plaint

de la méchanceté d’autrui, on oublie cette autre méchanceté plus redoutable encore, celle qu’auraient les choses s’il n’y avait pas autrui. Il relativise le non-su, le non-perçu ; car autrui pour moi introduit le signe du non-perçu dans ce que je perçois, me déterminant à saisir ce que je ne perçois pas comme perceptible pour autrui. En tous ces sens, c’est toujours par autrui que passe mon désir, et que mon désir reçoit un objet. Je ne désire rien qui ne soit vu, pensé, possédé par un autrui possible. C’est là le fondement de mon désir. C’est toujours autrui qui rabat mon désir sur l’objet.