où les lettres de ce livre même sont inscrites l’une après l’autre, aux milliers d’écrans de contrôle à travers nos vies : contrôles de nos corps ; de nos intérieurs, viscères, squelettes, neurones, rétines (écrans elles aussi) ; de nos extérieurs : allées et venues, parkings, rues, banques, boutiques ; de nos représentations : écrans des appareils photos et caméras, webcams, miroirs paraboliques, téléphones portables, tablettes, salles de cinéma, télévisions, publicités, affiches lumineuses, etc. Un monde bardé d’écrans comme autant de miroirs et de barrières à la fois, images changeantes qui sont aussi des pièges. Le Grand Observateur, le Mabuse du Diabolique Docteur Mabuse (Die Tausend Augen des Dr. Mabuse, Fritz Lang, 1961) est partout. Nous n’avons même plus besoin de le citer, de le fantasmer. Il est en nous, avec nous, dans nos mains et nos yeux. Jamais non plus nos yeux (plus que nos oreilles) n’auront été soumis à de telles pressions, sujets à de telles tentations ou séductions, glissé sur autant d’horreurs.