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François Mitterand aurait déclaré : “Un pays qui fusille sa propre jeunesse n’a pas d’avenir.” Il avait tort. Deng Xiaoping, lui, voyait juste : “Ces pays veulent nous imposer des sanctions ? Entendu. Alors, demandons-leur premièrement de quel droit ils veulent nous les imposer. Et deuxièmement, s’ils estiment en avoir le droit, nous avons tout à fait les moyens d’y répondre. Il se peut que notre croissance économique en souffre mais pas tant que cela. Les sanctions internationales que nous avons subies la plupart du temps pendant les quarante années de construction du pays ne nous ont pas empêchés de nous développer. Aussi n’avons-nous aucune raison d’être pessimistes, nous pouvons prendre les choses avec sérénité.” Contrairement à ce qu’avaient cru les étudiants, le “vieux chat” savait encore attraper les souris. En juin 1989, quelques jours après le bain de sang, Simon Leys devinait déjà la suite : “Chaque fois qu’il s’agit d’observer une minute de silence dans une cérémonie, ne jetons-nous pas tous des coups d’oeils discrets à notre montre ? Combien de temps exactement devrait durer un “intervalle décent” avant qu’on puisse reprendre les affaires comme avant avec les bouchers de Pékin ? Les despotes séniles qui ont pris la décision de massacrer la jeunesse, l’intelligence et l’espoir de la Chine peuvent avoir mal calculé bien des choses – sur un point cependant, il ne se sont pas trompés : ils ont très exactement prévu que nous ne serions pas capables de maintenir notre indignation bien longtemps.” En effet, dès 1990, les etats-Unis ne s’opposaient plus à l’attribution de prêts de la Banque mondiale et l’argent se remit à circuler. Commençait alors le plus surprenant décollage économique de l’Histoire : la naissance de la Chine moderne.