Céder à la peste émotionnelle, à la vengeance, au défoulement, c’est participer au chaos et à la violence aveugle dont l’Etat et ses instances répressives ont besoin pour continuer d’exister. Je ne sous-estime pas le soulagement rageur auquel cède une foule qui incendie une banque ou pille un supermarché.. Mais nous savons que la transgression est un hommage à l’interdit, elle offre un exutoire à l’oppression, elle ne la traduit pas, elle la restaure. L’oppression a besoin de révoltes aveugles.
En revanche, je ne vois pas de moyen plus efficace pour oeuvrer à la destruction du système marchand que de propager la notion et les pratiques de la gratuité (çà et là s’esquisse timidement le sabotage des parcmètres de stationnement, au grand déplaisir des entreprises qui prétendent nous voler notre espace et notre temps).
Aurions-nous si peu d’imagination et de créativité que nous ne puissions éradiquer les contraintes liées au racket des lobbies étatiques et privés ? De quel recours disposeront-ils à l’encontre d’un mouvement collectif qui décréterait la gratuité des transports en commun, qui refuserait de payer taxes et impôts à l’Etat-escroc pour les investir, au bénéfice de tous, en dotant une région d’énergies renouvelables, en rétablissant la qualité des soins de santé, de l’enseignement, de l’alimentation, de l’environnement ? N’est-ce pas en restaurant une véritable politique de proximité que nous jetterons les bases d’une société autogérée ? Au lieu de ces grèves de trains, de bus, de métros qui entravent le déplacement des citoyens, pourquoi ne pas les faire rouler gratuitement ? N’y a-t-il pas là un quadruple avantage : nuire à la rentabilité des entreprises de transport, réduire les profits des lobbies pétroliers, briser le contrôle bureaucratique des syndicats et, surtout, susciter l’adhésion et le soutien massif des usagers ?