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Au 39, le Brady, ex-cinéma d’horreur racheté par Jean-Pierre Mocky, se maintient.
Autoréférence : un cinéaste reprend une salle pour faire exister ce qui justifie son activité. Un soir, un caissier a refusé de me vendre un billet parce qu’il n’y avait aucun spectateur. Le film prophétique de Godard Grandeur et décadence d’un petit commerce de cinéma, dans lequel figurait Mocky, est frère de l’époque où les salles de quartier fermèrent en masse (1987). La dernière salle. Elle s’est faite peu à peu à l’idée que les gens ne viendront plus la voir. Au lieu de viser juste, elle persiste dans le tous publics, or le tous publics est réalisé par les films que la télévision du soir recycle le dimanche. Un moment, elle avait placé ses espoirs dans le spectacle pornographique ; mais maintenant tout le monde l’avait à portée de main, c’était inutile. Alors, elle déclina de grands classiques, Louis Skorecki exigea un cycle John Ford en boucle, mais un festival Truffaut déclencha sa colère et il ne remit plus les pieds dans l’antre, entraînant avec lui sa dernière bande. Le cinéma était plus démodé encore que la littérature, il fallait l’admettre.
D’ailleurs, l’Action, l’Energie, voilà le fond du Révolté.
Dans tout Révolté, il y a un Dissociateur de vérités traditionnelles. Il y a un imaginatif et un intuitif qui écarte en se riant le voile des mensonges sociaux ; mais il y a surtout un Energétique, un Combatif. L’Energie ayant deux formes : réactive et active, il y a lieu de distinguer ici avec Nietzsche deux types de Révolté : le Révolté réactif, le Révolté par rancune et représailles, celui que Nietzsche appelle l’homme du ressentiment, et le Révolté du type agressif et spontané, celui dont l’Energie est vierge de tout attentat, l’homme fort qui n’a pas souffert le Mal, qui n’a pas besoin de vengeance et qui pourtant se dresse contre l’ordre social existant par simple désir de donner lieu à des formes nouvelles de Vie, de faire triompher un idéal, c’est-à-dire le reflet agrandi d’une personnalité.