Clarissa est seule,
elle pense à Septimus, peut-être qu’elle le sent dans les filaments de l’air, peut-être qu’elle le respire, elle se dit : “la mort est une étreinte.” (Phrase intensément émouvante et maintenant je sais mieux pourquoi : elle dit que la mort aussi est un instant de la matière.) Cette phrase n’existe pas en anglais ni dans les autres traductions françaises. A partir de quoi, me semble-t-il, tombent toutes les pseudo-théories qui prétendent que la traduction est une perte, un défaut, une trahison, etc. Au contraire, la traduction est un gain, au sens propre : une addition offerte. La traduction multiplie les possibilités de l’émotion, elle ne les diminue pas ni ne les supprime. De toute façon : qu’est-ce qu’il y aurait à trahir exactement ? on ne voit pas. Les textes ne sont pas des saintes reliques. Ils ne véhiculent aucun sens sacré. Et les écrivains ne sont rien d’autre, la littérature tout entière rien d’autre, qu’une allégeance faite à la matière, qu’une production supplémentaire, un éloge toujours recommencé du monde.
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Avoir un droit,
c’est donc, selon moi, avoir quelque chose dont la société doit ma garantir la possession. Si quelque contradicteur insiste et demande pourquoi elle le doit, je ne puis lui en donner d’autre raison que l’utilité générale. Et si ces mots ne semblent pas traduire asses pour nous l’impression [feeling] d’une obligation rigoureuse, ni justifier la force particulière de cette impression, c’est qu’il entre dans la composition du sentiment [de la justice] non pas seulement un élément rationnel, mais aussi un élément animal, la soif de représailles; et cette soif tire son intensité aussi bien que sa justification morale du genre d’utilité extraordinairement important et émouvant auquel elle correspond.
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Madeleines au citron et safran
Pour une trentaine de madeleines
Préparation : 10 mn
Repos : 30 mn
Cuisson : 15 mn
Ingrédients : 6 blancs d’oeufs / 200 gr de beurre doux + un peu pour les moules / 200 gr de sucre glace / 80 gr de farine / Le zeste râpé d’un citron non traité / 80 gr d’amandes en poudre / 40 stigmates de safran (environ 25 gr)
Ecrasez les stigmates de safran dans un mortier, puis faites-les infuser dans une cuillerée d’eau chaude.
Chauffez le beurre dans une casserole jusqu’à ce qu’il prenne une belle couleur dorée et dégage une odeur de noisette. Laissez tiédir.
Dans une jatte, fouettez légèrement les blancs d’oeufs, puis ajoutez la farine, le zeste, le sucre, les amandes en poudre, l’infusion de safran et le beurre noisette. Mélangez bien.
Laissez reposer à température ambiante pendant 30 mn.
Versez la pâte dans des moules beurrés et faites cuire à 185°C, 12 mn environ, jusqu’à ce que les madeleines soient très légèrement blondes.