#20
Je ne me consolerais pas
de jeter ça et là quelques idées si je n’en tirais un usage immédiat dans la conduite de ma vie quotidienne. Façonner les circonstances afin que le désir y habite – ou du moins s’y appliquer – réclame une patience et une opiniâtreté d’alchimiste, une humilité sans pareille, une absence totale d’orgueil et de présomption.
Je ne crois en rien,
je n’adhère à aucune croyance, il se mêle assez d’incertitudes à mes pensées pour révoquer toute adhésion à quelque vérité que ce soit. Je démêle mes passions, j’identifie mes désirs, je tente de les affiner et de les harmoniser en sorte que leur accomplissement prête à mon existence cette plénitude que le bonheur amoureux a le privilège d’illustrer sans détours. Je n’obéis qu’à une seule sollicitation : vouloir, pour les autres et pour moi, que le plus heureux m’échoie. Je le veux sans autre raison que la sereine raison de l’enfant : parce que j’en ai envie.
J’invoque
le solipsisme insensé, la folie de l’incomparable, la réalité d’être unique. Je veux être là et aller sans savoir où je vais, comme si mes pas savaient.