L’épreuve du camp
est celle de cette vérité éclatante : la solidité, la fixité de l’espèce humaine. Et aussi celle de son indestructible unité : malgré la volonté S.S., les demi-dieux, les kapos, et les sous-hommes ; entre ceux qui gardent mensongèrement une figure pleine à forme humaine, ressemblent à ceux de là-bas, se sont installés dans la place, mangent la part des autres pour survivre, les font travailler leur donnant des coups, se lavent à l’eau chaude, changent de linge et sourient aux femmes ; et ceux dont le masque de l’homme s’est absenté de la vie, figure collective et anonyme dont le rôle est de travailler, recevoir des coups, et mourir de faim ou de froid. D’être exterminés. Malgré l’abîme que les S.S. ont voulu creuser entre l’homme et l’homme, la distance infranchissable de leur mépris trahissant un “je ne veux pas que tu sois” s’adressant sans s’adresser à ces pestes qu’ils parquaient derrière les barbelés d epeur d’être par elles contaminés, c’est bel et bien encore de l’homme que l’homme a été séparé. Les uns et les autres dans leur diversité sont et ne peuvent être autre chose que des hommes.
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#15
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Je sais depuis longtemps
que je vais passer ma vie à grimper, à désirer grimper d’ailleurs et plutôt, les sentiers des torses, c’est à peu près la seule expérience qui me donne un monde. Je ne sais pas pourquoi je suis en marche inlassable vers la clairière d’eux et ce que j’espère de là-bas où je n’arriverai pas, où j’arrive de moins en moins à mesure que ma mort se répand. Mais j’espère.