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Sur la photo, elle aussi est en robe blanche.
À l’arrière plan s’épand le feuillage d’un arbre jeune, peut-être un lilas, sans fleurs, ses feuilles comme aspirées par le ciel dans un mouvement vigoureux, vertical. Elle baisse la tête et c’est une folle ou une sorcière, une fée, l’un de ces fantômes que l’on créait dans les limbes de la photographie, ses tout premiers balbutiements, pour faire croire à ce qu’une photo quelque part est toujours – l’irruption d’un mort dans le monde des vivants.
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23 août 2001
Une nouvelle ère commence et toute chose en porte les traces. Le sentimentalisme de la survie est fini, de même que le libéralisme sexuel, philosophique et caractérologique d’après-guerre : c’est le retour d’une époque virile, d’un conformisme brutal, peut-être de la guerre. En tout cas, celui du fascisme (ou quel que soit le nom qu’on lui donne).
16 juin 2001
Ce qu’on fait aujourd’hui de la démocratie n’a pas grand chose avec la res publica ; je parlerais plutôt de démocratie de marché. Avec un peu d’autodiscipline, c’est une forme d’existence très agréable, mais elle prendra vite fin, à cause de son évolution insolente vers la centralisation de l’argent et du pouvoir ; alors c’en sera fini de l’autodiscipline et de la douceur de vivre. N’est-ce pas une sorte de fascisme discret qui nous attend, avec parure biologique, restriction totale des libertés et relatif bien-être matériel ?