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Crumble de légumes
Pour 4 personnes
Préparation : 40 mn
Cuisson : 50 mn
Ingrédients : 2 aubergines / 4 courgettes / 2 gousses d’ail / 50 gr de pignons de pin / 3 tomates bien mûres / 1 oignon rouge / 5 c. à soupe d’huile d’olive / 2 branches de romarin / 4 pétales de tomate confite. Pour le crumble : 80 gr de farine / 80 gr de parmesan / 100 gr de beurre demi-sel ramolli / 3 branches de thym citron / Sel, poivre.
Préchauffez le four à 200°C. Lavez et séchez les légumes.
Coupez les courgettes et les aubergines en rondelles et rangez-les dans un plat allant au four.
Arrosez-les de 4 c. à soupe d’huile d’olive, salez et poivrez-les. Enfournez-les pour 20 à 30 mn jusqu’à ce que les légumes soient bien tendres.
Pendant ce temps, détaillez les tomates en quartiers.
Epluchez et ciselez l’oignon rouge. Faites-le revenir dans le reste d’huile d’olive. Ajoutez-y les morceaux de tomate, le romarin effeuillé, les gousses d’ail épluchées et écrasées et faites cuire à feu doux 15 mn environ, le temps de faire compoter le tout.
Faites dorer les pignons de pin à sec dans une poêle anti-adhésive.
Dans un saladier, mélangez la farine, le parmesan et le thym citron effeuillé avec le beurre ramolli afin d’obtenir un mélange sableux. Salez, poivrez et réservez au frais.
Lorsque tous les légumes sont cuits, écrasez légèrement les courgettes et aubergines et ajoutez-les à la préparation à la tomate.
Ajoutez les lamelles de tomates confites, les pignons grillés, rectifiez l’assaisonnement et répartissez le tout dans 4 ramequins ou dans un grand plat de cuisson.
Déposez dessus le crumble réservé et enfournez pour 20 à 25 mn jusqu’à ce que le crumble soit bien doré.
– Tu n’entends pas ?
un défunt qui ne trouve pas la venelle où il habite ou mon père là-haut qui ne respire même pas, quelqu’un que je ne connais pas et qui m’appelle
– Toi
m’appelle encore
– Toi
et moi apeuré, je sens que mon père est en train de descendre l’escalier parce que j’ai cessé d’être, je n’existe pas, mon frère existe lui et à deux doigts de dire mon prénom, disant mon prénom
– Toi
je ne partirai pas demain, ce sont eux qui m’emmèneront, des hommes venus de je ne sais où me désignant à mon père
– C’est celui-ci ?
le grenouilles du marais s’inquiètent tellement que je n’entends plus les gens, j’entends les bestioles qui m’assourdissent et m’empêchent de mourir, quelqu’un que je ne distingue pas à qui j’inspire de la compassion
– Ce n’est pas la peine de l’attacher
ma mère tentant un sourire et ses yeux qui coulent le long de son visage, chaque larme un oeil qui coule sur ses joues
(pourquoi des larmes ?)
les bonnes de la cuisine
– Le pauvre
et pour qu’elle raison
– Le pauvre
si moi pas malade, intrigué j’ai interrogé ma mère
– Où avez-vous trouvé tous ces yeux ?
ne vous tourmentez pas pour moi mère, il me suffit d’avoir la certitude que vous n’êtes pas partie et un jour peut-être me remarquerez-vous en train de vous attendre sans vous parler étant donné que je n’ai pas besoin de parler, le parfum des malles suffit et vous savoir dans cette maison pour que j’attende que vous m’accordiez un peu d’attention un jour, sûr que vous m’accorderez un peu d’attention même si c’est par pitié
– Je suis là
pendant qu’il pleut dehors, moi qui n’aime pas la pluie
– Si bon qu’il pleuve dehors
et c’est sans importance vu qu’ils n’arrivent pas à me faire mal
(mon frère aux hommes
– Qu’est-ce que vous attendez ?)
tandis que le commis s’éloigne et la montagne nous cache complètement, mon grand-père à mon père
– ç’a été moins difficile que ce que je pensais la maison énorme mes aïeux, comme elle est grande cette maison, mon frère
– Ne t’en fais pas un de ces jours tu nous reviendras
et les gouttes de pluie brillant sur le blé, sur mon père, sur le commis, moi à ma mère
– Vous n’allez pas partir au moins ?
et Dieu merci personne n’est parti, ils attendent que je revienne, le puits là derrière, le grenier, le verger, les hommes avec moi dans l’auto à la recherche de la frontière dont j’ignore où elle se trouve, je me souviens de mon frère à mon père
– Il ne pouvait pas rester avec nous plus longtemps
d’un chevreau glissant d’un éperon rocheux et ma mère poussant des bêlements, s’approchant de moi tout en s’éloignant et moi la perdant à jamais, d’une aiguille cherchant un espace entre mes côtes autrement dit d’un des hommes avec une seringue me serrant le bras
– Un instant
autrement dit de ma grand-mère m’attrapant comme si j’étais un lapin et je n’ai pas remarqué le coup sur la nuque ni le baquet à ses pieds, j’ai remarqué la paume qui me caressait le râble en évaluant ma chair, je l’ai interrogée
– Vous ne trouvez pas que je suis un peu maigre grand-mère ?
et elle sans répondre qui m’attrape par les oreilles, me soulève et quand mon grand-père
– Vite
m’ouvre d’un seul coup depuis le collet jusqu’au ventre.
…
..
D’où peut bien venir cette impression que dans la maison,
alors que rien n’a changé, tout ou presque a disparu ? Les pièces sont les mêmes avec les mêmes meubles et les mêmes tableaux et pourtant ce n’était pas comme ça, ce n’était pas ça, de vieilles photos à la place de ma mère, de mon père, des bonnes de la cuisine et de la toux de mon grand-père qui commandait tout le monde, pas sa présence, pas ses ordres, la toux, un mouchoir sortait de sa poche et lui embroussaillait la moustache, mon père attachait le cheval à l’anneau et après rien d’autre que le bruissement des herbes qui lui perdure en revanche, mais sec et dur même après la pluie, depuis la terrasse les champs que je connais et ne connais pas, l’allée des cyprès qui conduisait au portail et au-delà du portail dont l’un des piliers s’est écroulé les chênes-lièges et le blé, le bourg toujours plus distant dont les lumières accentuent l’obscurité, un lieu habité par les morts dont je parcourais les rues au trot blotti contre mon père, effrayé par les petites fenêtres vides et avec la certitude qu’on nous épiait depuis les aulnes de la place à l’époque où rien n’avait encore disparu dans la maison, ma mère à l’étage qui parfumait des coffres, la tasse de ma grand-mère sur la soucoupe et elle qui me fixait de son regard de portrait traversant les âges retour d’un pique-nique pour dames à bandeaux et messieurs à faux col en celluloïd et moi de penser et si tout le monde était encore là plongé dans ces conversations que l’horloge à pendule noyait dans le coeur au ralenti, un après-midi j’ai trouvé la tasse et la soucoupe au bord de la table et la chaise vide, un autre après-midi les coffres à l’étage ont cessé de sentir seulement cette fois des voitures dans la cour, des messieurs qui m’ébouriffaient les cheveux avec une compassion attendrie
– L’orphelin