La foule était si nombreuse qu’on avait l’impression, où qu’on fût, d’être au beau milieu.
Le flot dense s’écoulait, au coucher du soleil, les entraînant le long de stands et d’étals de nourriture, et les amies se trouvèrent séparées en trente secondes. Ce qu’elle commença à ressentir, outre l’impuissance, était une sensation exacerbée de ce qu’elle était par rapport aux autres, ces milliers de gens, disciplinés mais étouffants. Les plus proches la voyaient, lui souriaient, certains lui parlaient, un ou deux, et elle était forcée de se voir dans la surface réfléchissante de la foule. Elle devenait ce qu’ils lui renvoyaient. Elle devenait un visage et des traits, une couleur de peau, une personne blanche, blanche étant son trait fondamental, le statut de son être. Ainsi donc, voilà qui elle était, pas vraiment mais en même temps oui, très exactement, pourquoi pas ? Privilégiée, détachée, autocentrée, blanche. C’était là, sur son visage, instruite, ignorante, pleine d’effroi. Elle ressentait toute l’amère vérité que recèlent les stéréotypes. La foule était heureuse d’être une foule. C’était leur vérité. Ils étaient chez eux, songeait-elle, dans la marée des corps, la masse compressée. Être une foule, c’était une religion en soi, sans lien avec l’occasion qu’ils étaient là pour célébrer. Elle songea à des foules prises de panique qui submergeaient les rives d’un fleuve.
#44
La vraie vie n’est pas réductible à des mots prononcés ou écrits,
par personne, jamais. La vraie vie a lieu quand nous sommes seuls, à penser, à ressentir, perdus dans les souvenirs, rêveusement conscients de nous-mêmes, des moments infinitésimaux.
#43
Selon les caractéristiques et les dimensions de son pénis (linga),
l’homme est lièvre, taureau ou cheval. De même, la femme est antilope, jument ou éléphante, suivant la profondeur de son vagin (yoni).
Il existe trois accouplements conformes à la nature et six “inégaux”, c’est-à-dire deux unions “inégales” pour chacun des trois modèles.
Pour un plaisir équilibré il est préférable que les partenaires aient des mensurations sexuelles correspondantes; dans ce cas, leur jouissance sera évidemment modérée.
Lorsque les dimensions du membre de l’homme sont supérieures à celles du vagin de sa partenaire et que le mâle s’accouple avec la femme qui vient immédiatement après son homologue ou avec celle qui la suit, on parle d’union supérieure et violente ou d’accouplement très supérieur et très violent, suivis d’une jouissance de type aigu.
A l’inverse, quand les mensurations sexuelles de la femme surpassent celle s de son partenaire masculin et suivant une hiérarchie identique à la précédente, on parle d’union inférieure d’où résulte pour l’un et l’autre un plaisir insignifiant.
En résumé, il y a neuf catégories d’accouplements selon les dimensions des sexes. Les conjugaisons des semblables sont les meilleures; celles des opposés les plus éloignés sont les pires; toutes les autres se tiennent dans la bonne moyenne, quoique, parmi ces dernières, il faille préférer les violentes aux dérisoires.