un peu confuse, un peu mêlée, c’est la nuit justement qu’elle s’éveille, incluant en elle le plus perforant des silences. La nuit, qui est de la visibilité retirée, diminuée, ouvre grandes les puissances de la conviction sonore. Et c’est là une autre pénétration, encore – tout un monde qui vient, et sur un mode qui n’est pas, il faut le souligner, celui du langage ou de l’articulation. Même si nous savons que des messages ne cessent de circuler d’un bout à l’autre de la nuit, non seulement nous ne les comprenons pas, mais ils appartiennent à un registre qui, du cri au chuintement, via des halètements mais aussi des chants, se déroule tout entier, comme sens, en dehors de ce que nous pouvons rabattre sur des significations connues ou imaginables : ce qui fait que la bande-son du monde animal (des mondes animaux), avec son effet de concert discontinu, demeure pour nous suspendue dans l’infinité de son sens – en tant que pure énigme, en tant que pur visage sonore de l’énigmatique présence de ces autres que nous.