qu’ils soient le fait de pâles sociologues ou critiques d’art, est toujours une manière déguisée d’enfermer, et partant de contrôler, des tendances novatrices qui, sans cette dénomination artificielle censée les résumer, pourraient conserver une part de subversion et de remise en cause d’un système pouvant s’avérer dangereuse pour diverses autorités, culturelles ou étatiques. Mais que penser d’un genre musical qui a inventé lui-même sa propre dénomination, prenant de court la critique spécialisée, comme c’est le cas de la musique industrielle ?

Car ce mouvement, musical mais pas seulement, possède la singularité d’avoir initié par une seule formation, qui l’a théorisé et appliqué de manière particulièrement implacable et efficace : Throbbing Gristle. Groupe anglais singulier et mythique, dont la brève existence (1975-1981) a coïncidé sensiblement avec l’apparition en Angleterre du mouvement punk (mais tout à fait en dehors de ce dernier), Throbbing Gristle a eu également cette autre particularité d’avoir été formé par des non-musiciens, la majorité de ses membres étant issus de l’art contemporain, et plus particulièrement de cette frange mal connue que l’on désigne commodément par le terme de body art. Extrême, le groupe le fut à un point rarement atteint dans toute l’histoire de la musique rock, tant par les disques définitifs qu’il a enregistrés que par son discours et son attitude, considérée comme ambigüe politiquement, qualifiée ainsi en tout cas tout au long des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix par une critique mal et insuffisamment renseignée.