Quand sa voix s’élève, elles sont toujours silencieuses, même celles qui étaient les plus impétueuses sur la terre.
La Mort a commencé sa lente, lente chanson. Elle chante comme un bègue, chaque mot elle le répète ; quand elle a chanté un vers, elle répète le premier et recommence tout encore. Elle chante comme une scie passe. Elle commence très lentement, puis elle s’enfonce profondément dans la chair, crisse plus fort, plus clair et plus haut, alors dans un son elle a fini et se repose. Puis elle revient lentement, lentement et crisse, et plus haut, plus ferme le son et crisse, et elle s’enfonce dans la chair.
Lentement la Mort chante.
« Il est temps pour moi de t’apparaître, car déjà les germes volent par la fenêtre et tu secoues tes draps comme si tu n’allais plus te coucher. Je ne suis pas un simple faucheur, je ne suis pas un simple semeur, je me dois d’être ici, car il m’importe de préserver. Oh oui ! Oh oui ! Oh oui ! »
Oh oui, voilà ce que chante la Mort à la fin de chaque strophe. Et quand elle fait un mouvement vigoureux, elle chante aussi Oh oui, car cela lui donne de la joie. Mais ceux qui l’entendent, ils ferment les yeux, ce n’est pas supportable.
Lentement, lentement la Mort chante, Babylone la méchante l’écoute, les puisssances de la tempête l’écoutent.
« Je suis ici et il me faut prendre note : Celui qui gît ici et livre sa vie et son corps, c’est Franz Biberkopf. Où qu’il soit, il sait où il va et ce qu’il veut. »