et sur lequel ce dernier leva aussitôt ses calmes yeux bleus, ne présentait aucune caractéristique physique, ni la moindre indication physique d’une caractéristique morale, par lesquelles il eût pu passer pour remarquable au milieu d’un groupe de personnes. Il était de taille moyenne, légèrement chauve avec un front haut, il portait une moustache et une barbe mal taillées et d’un châtain grisonnant, comme ses cheveux. Il était vêtu de gris – un costume et un pardessus en état avancé d’usure. Son aspect général donnait l’impression d’une banalité intelligente : son aspect vestimentaire, celui d’un célibataire ni soigneux ni négligé ; il avait un air simple sans être vraiment humble, et son expression était directe sans être impudente. Il avança respectueusement, d’une façon ni élégante, ni grossière, vers le bureau du juge, puis, arrivé tout près, il le salua d’une inclinaison de la tête involontairement sèche.
– Vous vouliez me parler ? demanda le juge. Je suis en ce moment un peu occupé, mais j’ai tout de même tenu à vous recevoir. C’est à quel propos ?
– A propos de la mort d’un homme appelé Carlos Vargas, répondit le nouveau venu.
– Vous êtes monsieur Quaresma, Abilio Quaresma, si je ne m’abuse ? Il me semble que c’est ce que l’huissier m’a dit…